Rp formation Sythe - OK

~ Dix-huit heure, grande salle des professeurs. Je me tenais, assis à une table, perdu dans les méandres des copies de mes élèves. Des évaluations que j'avais du mal à corriger après plusieurs heures de cours, mais que je devais bien terminer, car la fin de semaine se rapprochait à grands pas. Je n'avais absolument aucune envie d'avoir des piles et des piles de copie-doubles comme divertissements pendant ces deux jours de libre. Non, surtout que j'avais prévu une soirée en ville avec des amis, histoire de me changer un peu les idées et de gratter énergiquement les cordes de ma guitare électrique. Rester cloîtré entre les quatre murs de Mistake Academy finissait par me donner mal à la tête... Enfin, pour le moment, l'instant était aux corrections, bien mon état de fatigue que je commençais à ressentir. D'ailleurs, mon épuisement me fit songer à un adage : le travail c'est la santé. Quelques fois, on pouvait se laisser le bénéfice du doute sur sa véracité, un peu comme moi actuellement. Je lisais la réponse d'une élève sur le compréhension orale de ce lundi quand un professeur à la barbe fournie rentra dans la pièce déserte et se dirigea vers son casier. Je l'entendis ouvrir sa boîte et remuer des papiers, sûrement des lettres, des convocations et d'autres réjouissances de ce genre-là. Une fois cela réglé, il referma son casier et se dirigea en direction de l'autre entrée, contraint de passer à côté de moi. Le vieil homme me sourit, sa cravate bien ajustée :

« - Bonsoir jeune homme. Encore au travail ? Des corrections je suppose.
- Bonsoir monsieur. Eh oui, encore et toujours des corrections. C'est notre précieux en tant que prof.
- Ah, c'est bien vrai, dit-il en riant de bon cœur, aller, ma femme doit m'attendre. Bonne soirée et courage pour vos copies. A demain si nous nous croisons.
- Oui, bonne soirée à vous aussi. »

L'homme à la tignasse blanche poussa la porte et disparut dans l'écho du couloir. Me voilà de nouveau seul avec mes feuilles à carreaux. Je regardai brièvement ma montre : dix-huit heure dix maintenant. Je me dépêchai de reprendre mon travail, le repas des internes de l'académie étant servi vers dix-neuf heure vingt, pour tout le monde. Dehors, la nuit tombait lentement et laissait place à un ciel pastel et doux. Je crus entendre un crapaud, ou peut-être une grenouille, croasser tellement le silence était grand dans la salle des professeurs. Néanmoins, dans ce vide sonore subsistait tout de même le léger tic-tac des deux horloges. Je me focalisai sur les erreurs et les bonnes phrases de mes élèves. J'en oubliais même les autres tables circulaires autour de moi, disposées à distance égale les unes des autres. Les chaises, au nombre de huit, bien rangées autour. Les nombreux casiers des enseignants, aux étiquettes triées par ordre alphabétique, qui se dressaient, toujours plus haut vers le plafond, telle la Tour de Babel flirtant avec les nuages. On aurait dit qu'ils voulaient titiller les quelques toiles d'araignées qui résistaient aux passages réguliers des agents de nettoyage, pourtant si efficaces et si méticuleux. Finalement, je décidai d'écouter un peu de musique, afin de rendre ces corrections moins monotones. Je mis mon casque sur la tête, sélectionnai une musique d'Arctic Monkeys depuis mon Iphone et me remis au travail, sans prêter attention au duo de professeurs qui venait d'entrer. Eux aussi sûrement firent leur trafic, parlèrent quelques instants, avant de partir, le seul bruit de la porte parvenant jusqu'à mes oreilles.

La voix du chanteur interprétant Do I Wanna Know résonnait dans ma tête et je finis par faire abstraction des bruits environnants. Le tempo rythmait les mouvements de mon stylo, mais n'entravait en rien mes rectifications vert foncé – j'ai toujours préféré le stylo vert au le stylo rouge, trop agressif –. Cela me fit penser que réviser le morceau pour le concert de ce week-end serait une bonne initiative. Certes, je connaissais les accords, la mélodie et les paroles par cœur, mais une bonne révision de la partition intégrale n'était de trop pour personne, moi compris. D'ailleurs, j'attendais avec impatience cette fin de semaine, car Tim et sa copine seraient au rendez-vous. Mon meilleur ami et sa petite-amie faisaient le déplacement jusqu'ici spécialement pour me voir. Autant dire que c'était un événement et qu'il mettait dur de prendre mon mal en patience... J'arrivai enfin à la fin de mon paquet quand une des deux portes s'ouvrit à nouveau. J'entendis distinctement son son, bien les notes des instruments. Corrigeant ma dernière copie et préférant ne pas entamer un autre paquet, je me permis une seconde de battement. Je baissai le volume de la chanson et levai mes yeux pour voir qui était le, ou peut-être la, nouvel(le) arrivant(e).

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